J'ai acheté un vélo à Tokyo

Le vélo est assez commun au Japon, car c’est un moyen de locomotion pratique et bon marché, surtout si on compare aux trains. Les trains au Japon et à Tokyo sont super pratiques, il y a beaucoup de lignes et on peut se rendre n’importe où très facilement. Mais à minimum 130¥ le trajet, la facture peut vite monter. J’ai dépensé un peu plus de 10 000¥ en un mois soit ~75€. Prendre le vélo pour de courtes distances permet de faire des économies. Mais sur des trajets moyens, ça permet aussi de gagner du temps. Le système de train est dense, mais souvent il y a des changements de train. Les pertes de temps peuvent être nombreuses en prenant le train : le temps de changer de voie lors d’un changement, le temps pour aller à la gare, le temps d’arriver jusqu’à sa destination finale réel, le temps d’attente (on n’arrive pas toujours en même temps que le train). Il arrive assez souvent que le vélo soit plus rapide sur des trajets de 30-40min. Par exemple pour aller à Roppongui, je dois faire un changement et la station n’est pas au pied des tours de magasins. En transport en commun, il me faut plus de 30minutes, alors que je mets moins de 20 minutes à vélo. Il faut reconnaitre qu’on n’est pas dans le même état de présentation après 20minutes de vélo par rapport à 30minutes en métro et que par temps de pluie, vous allez aussi préférer le train, mais ça permet souvent une sympathique alternative.

Où acheter

Il m’a fallu plus d’une semaine avant d’acheter mon vélo, je me suis baladé dans beaucoup de magasins plus ou moins spécialisés et je vais essayer d’en faire une liste :

Suginami Green Cycle [occasion]: j’en ai parlé pendant le récit de ma première semaine. C’est une petite boite qui récupère des vélos abandonnés, les répare et les revend. Si vous voulez un vélo pas cher et sans entretien à venir, allez-y! bon à la première heure, car les vélos partent très vite. Quand j’y suis allé, je n’étais pas sûr du type de vélo que je souhaitais et finalement je n’y ai rien acheté.

Yoyogui recycle garden [occasion]: vélo de deuxièmes mains, il y a du choix, mais les prix montent vite après les mamachari (pour « vélo de maman », ce sont des vélos simples avec emplacement pour placer des sièges d’enfant).

cyclespot [occasion/neuf]: grande enseigne de vente de vélo, il y en a partout. Parfois ils ont de l’occasion (dépend du magasin). Il y a un peu de tous, et ce que vous y trouverez dépendra du magasin. Il y a forcément un magasin près de chez vous. Comme tout service japonais, ils sont très serviables pour réparer,regonfler, entretenir, etc..

Y’s Road [neuf] (photo de l’article): meilleur magasin de vélo où je suis allé. Des vélos et des accessoires sur 6étages. C’est sympa à voir, mais c’est plutôt cher. La description du site[1] qui m’y a emmené disait à propos de  la clientèle : « salaryman fortunés qui font les magasins sur leur pause déjeunée, même salaryman qui font du vélo de piste à 1 000 000¥ le week-end (~8000€) ». Il y a quand même des choix pour de petits prix (ça doit commencer à 40000yen). Mais il faut reconnaitre qu’ils ont un grand nombre de vélos de qualité et qui donnerait envie si on était le salaryman décrit précédemment… car il faut reconnaitre qu’un coup de pédale sur un cadre carbone avec un pédalier/dérailleur shimano à plus de 1k€, n’est pas le même qu’un coup de pédale sur un mamachari…

crowngears [neuf/occasion?]: C’est, ici aussi, surtout pour du vélo haut de gamme, peut être un peu moins que Y’S Road. Mais tous deux savent de quoi ils parlent et ils proposent de belles marchandises. En regardant leur site, a priori, il y aurait de l’occasion… mais ça reste de l’occasion de haut niveau.

Bic Camera [neuf]: C’est un grand magasin et parmi les produits qu’ils vendent, il y a des vélos. Si vous cherchez un vélo neuf dans les 20 000-50 000¥, il peut y avoir de bonne affaire. Ces magasins sont habitués à faire de grosse ristourne par moment (fin de série, saison spéciale, etc.). Après avoir acheté mon vélo, j’ai refait un tour dans un des magasins, et j’aurais surement acheté un de leurs vélos avec 40% de réduction si je n’avais pas acheté le mien 2 jours avant cela.

Site d’annone sur internet (craiglist,metropolis,gaijinpot) [occasion]: c’est clairement là où l’on peut avoir les meilleurs prix. En plus des personnes qui changent de vélo et revendent l’ancien, on retrouve ce qu’on appelle des « sayonara sale » (vente d’adieu/d’au revoir). Ce sont des étrangers qui quittent le pays et vendent plein de choses qui ne peuvent ramener (meuble, vélo, etc.). Les prix sont souvent imbattables, mais il faut être rapide (comme toujours pour les bonnes occasions) et faire attention avec tous les papiers, si on veut enregistrer le vélo…

Mon vélo

J’étais assez indécis en arrivant. Dans un premier temps, je voulais un bon vélo à 100 000¥+ qui puisse m’emmener n’importe où, avec le moins d’effort possible et que je puisse balader à travers le pays. J’ai remarqué ensuite qu’il était assez compliqué de transporter un vélo entre les villes. En France, les TER ont des emplacements, mais ici il faut le mettre dans un sac (donc le démonter). Ça commençait à devenir compliquer de choisir un vélo pour sa façon de se démonter (pas de garde-boue, pas de porte-bagages, etc.). En plus, le Japon a un système d’enregistrement des vélos. Chaque vélo est en principe immatriculé. Les policiers peuvent s’amuser à vous contrôler et si ce n’est pas le vôtre, vous embêter… Bon ya tout genre d’exemple avec ce cas : des personnes qui ne l’enregistrent pas et qui n’ont pas de problème, des gens qui achètent un vélo volé et qui tombe sur un policier ou des personnes qui continuent à dire que l’ancien proprio est un ami pour passer les contrôles (il faut le nom et l’adresse quand même). Dans tous les cas, si on déménage, il faut normalement réenregistrer au Koban (petit poste de police de quartier) ou dans un magasin de vélo. À 500yen la modification, c’est aussi un peu pénible.

Toutes ces complications, si je voulais changer de lieu m’ont finalement orienté vers un vélo mamachari de base à 8000yen: le petit casier devant, le porte-bagages, les garde-boue, une seule vitesse pour vaincre les montés et pas parfaitement à ma taille… Bizarrement en montées, c’est plus les mains qui soufrent que les jambes (en tirant comme un fou sur le guidon…). Il faut aussi noter que pour les vélos vendus au Japon, les freins sont inversés par rapport à la France. Ça fait bizarre la première fois!

La circulation

C’est la jungle et j’adore ça! Au Japon, il y a finalement assez peu de pistes cyclables par rapport à la France (et pourtant c’est loin d’être une référence…). Mais les routes principales ont tendance à être plus large, les trottoirs beaucoup plus larges aussi (parfois accueille les pistes cyclables). Il arrive assez souvent que des gens s’arrêtent sur la file de gauche de la route pour faire une course/livraison/déposer quelqu’un. La voie de gauche est souvent assez libre pour les vélos (si vous êtes sur des rush hour, il ne faut pas y compter évidemment). En plus de ça, les conducteurs japonais sont plus courtois et respectent plus le code de la route. Donc à vélo, on s’y donne à coeur joie et les possibilités sont assez vastes pour faire au plus vite : route, trottoir, passage piéton, sens inverse (s’ils sont arrêtés), etc. (ce n’est évidemment pas de bonne pratique du vélo en ville)

Mon premier voyage à vélo, je n’étais pas loin de Shibuya, un samedi à 16H (un peu de monde partout), j’ai voulu y faire un tour. En arrivant pas loin, je croise un autre cycliste qui semblait avoir les mêmes intentions que moi, je l’ai donc suivi. Je n’ai jamais fait autant d’infraction à vélo en si peu de temps. J’ai arrêté de le suivre quand il a traversé la Shibuya Crossing[2] avec un feu rouge. Bref je suis plus prudent que ça, mais ça m’a donné un bon exemple de ce qu’on pouvait se permettre tout en restant en vie.

Sources / liens externes

[1](en) Article de CNN sur des magasins de vélos
[2] Vidéo en direct de l’intersection mythique qu’est là Shibuya Crossing
(fr) Page Wikipedia sur la Shibuya Crossing
(en) Article de tokyocheapo sur l’achat de vélo